3 questions à Raphaëlle Sebag, Déléguée générale de l'Impact Invest Lab (iiLab)

Publiée le 09.04.2021

Dans un contexte riche en actualités autour de l'investissement à impact, avec notamment la sortie de nouvelles publications, nous avons posé 3 questions à Raphaëlle Sebag, Déléguée générale de l'Impact Invest Lab (iiLab), avant la fusion avec Finansol pour devenir FAIR.

 

1. Que représente le marché de l’impact investing en France ?

L’impact Invest Lab publie son troisième état des lieux de l’investissement à Impact en France en 2020, en partenariat avec le Professeur Amélie Artis de Science Po Grenoble et grâce au soutien et aux chiffres transmis par Finansol, France Invest, la Caisse des Dépôts et Consignations, BPI France et l’Agence Française de Développement. Le marché de l’impact investing représente 4 366 millions d’euros en 2019, un marché en hausse de 9% par rapport à 2018 où il représentait 3 996 millions d’euros. Ce montant recouvre les encours sous gestion contenus dans les 10% des fonds 90/10 qui viennent financer directement des structures de l’ESS, ainsi que d’autres fonds, dits à impact, qui financent en private equity des structures de l’ESS ou des entreprises à mission. En termes de flux d’investissement, 1 885 millions d’euros ont été investis en 2019, ce qui recouvre également des montants investis par l’AFD dans des entreprises en voie de développement. 457 millions de ces 1,9 milliards sont dirigés vers la France et l’Europe. En excluant les chiffres de l’AFD qui financent les entreprises principalement sous forme de dette, 51% de ces flux sont effectués sous forme de dette et 49% sous forme de fonds propres ou quasi fonds propres. Ces chiffres montrent que ce marché est en pleine expansion, et il est amené à le rester avec la forte dynamique des investissements à impact en France et dans le monde.  

 

2. Sur quoi portent les deux rapports récemment publiés par l’iiLab, « Doter la France d’une culture commune de l’investissement à impact » et « Investir pour transformer durablement » ?

Ces deux rapports ont été commandités par Christophe Itier, ex Haut-Commissaire à l’ESS, afin d’étudier la faisabilité d’une instance de place sur l’investissement à impact en France. Plusieurs groupes de travail ont permis l’écriture de ces rapports, des groupes qui ont réuni plus de 70 praticiens de l’investissement à impact en France. Trois axes de travail ont été adoptés :

  • Donner des éléments pour permettre une reconnaissance officielle de l’investissement à impact ;
  • Proposer un cadre opérationnel pour positionner l’investissement à impact dans l’investissement durable ;
  • Réfléchir à des outils pour développer l’écosystème de l’investissement à impact.

Il ressort de ces groupes de travail plusieurs constats, notamment

  • Le manque de diffusion de la culture de l’investissement à impact auprès des parties prenantes. Associé à ce problème d’acculturation ressort le manque de connaissance des critères de mesure d’impact, avec, côté investisseur, un besoin de standardisation et, côté porteurs de projets, le besoin de reconnaissance de l’impact de leur projet.
  • Le manque de rapports et de dialogue entre les parties prenantes. Il n’existe pas de cartographie interactive adaptée, autant pour pouvoir identifier les porteurs de projets que pour repérer les différents modes de financements existants et disponibles.
  • La taille des projets à impact est souvent citée comme étant problématique pour pouvoir susciter l’intérêt des investisseurs. Il manque une structure permettant de rassembler les projets, créer des synergies au niveau des territoires, insuffler une logique de coalition permettant de briser l’isolement des porteurs de projets et les logiques de fonctionnement en silos.

La pertinence d’une instance de place sur l’investissement à impact a été affirmée par les participants de cette mission. Elle a fait l’objet de 16 recommandations, alliées à des propositions pour permettre la création de ce CF2i (Centre Français de l’Investissement à Impact).  

 

3. L’iiLab a contribué à une tribune récemment parue sur latribune.fr. Quel message souhaitiez-vous faire passer ?

FIR et France Invest ont publié une définition de l’investissement à impact pour le non-coté et le coté à l’issue de trois groupes de travail qui ont duré plus d’un an. Cette définition, à laquelle se sont ralliés Finansol et l’Impact Invest Lab reprend les trois grands critères de l’investissement à impact que sont l’intentionnalité de l’investisseur de rechercher de l’impact, l’additionnalité (c’est-à-dire la valeur ajoutée par l’investisseur) et la mesurabilité des impacts de l’entreprise qui fait l’objet de ces investissements. Ces trois grands critères sont eux-mêmes divisés en trois sous critères qui rendent cette définition exigeante, une définition faite par et pour les praticiens du secteur.

Suite à la publication de cette définition, une tribune a été publiée dans le journal La Tribune par des représentants du secteur, à savoir Sir Ronald Cohen président du Global Steering Group pour l’investissement à impact, Frédéric Tiberghien président de Finansol, Marie-Geneviève Loys-Carreiras, membre du Bureau de Finansol ainsi que des représentants du FIR et de la commission impact de France Invest, dont leurs présidents respectifs Alexis Masse et Mathieu Cornieti. Cette tribune vise à ouvrir la démarche de l’investissement à impact à la société civile. Elle invite également l’Autorité des Marché Financiers à se référer à la définition FIR / France Invest pour qualifier les fonds à impact et mieux les prendre en considération. Nous espérons que cette tribune portera ses fruits et pourra contribuer à la vitalité, maintenant démontrée et affirmée par le gouvernement, de l’investissement à impact en France. 

Découvrez la 3ème édition (2020) de l'état des lieux du marché français de l'investissement à impact 

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