Yann, épargnant chez Energie Partagée

Epargner solidaire, qu'est-ce que ça veut dire ? Comment faire ? Et pour quoi ?
Découvrez le témoignage de Yann, qui a décidé d'agir pour préserver l'environnement en souscrivant des actions non cotées d'Energie Partagée Investissement.

1. Pourquoi avez-vous décidé de devenir épargnant solidaire ?

Yann : C’est une vaste question : pour moi c’est l’histoire d’une vie, et de mes paradoxes.

Je suis banquier, et j’ai constaté dès la fin de mes études que la finance s’inscrit trop souvent dans une idéologie avec une rentabilité à court terme. Mais cette logique est destructrice d’emplois et de valeurs nettement moins tangibles : tout est optimisé, mais toujours au détriment d’autres avec des effets collatéraux pervers.

Mon premier critère pour devenir épargnant est économique : quand les gens épargnent, ils ne veulent pas prendre le risque d’avoir moins le jour où ils récupéreront leur argent. Mais je suis convaincu que pour avoir une rentabilité à long terme, il faut englober beaucoup plus que la rentabilité faciale d’un investissement et accepter de laisser du temps aux investissements pour qu’ils maturent. C’est pourquoi il est nécessaire de prendre en compte d’autres paramètres : environnementaux, sociaux, etc.

Ensuite, il y a une approche idéologique :  au fond de moi, je crois beaucoup en l’Economie Sociale et Solidaire (ESS). Je préfère donner à une économie collaborative plutôt qu’à une économie individualisée.

Je parlais de paradoxe : jeune j’étais passionné d’ornithologie, et donc très sensible à l’environnement. Mais j’étais aussi passionné par l’économie et pendant un temps, j’ai d’ailleurs travaillé en salle de marché à New York sur des produits financiers relativement éloignés des préoccupations quotidiennes de nombre d’entre nous. De par mon métier, je vis encore un peu de ce paradoxe entre « nature et culture » mais je tente, par mes actions individuelles, de joindre ces deux bouts.

 

J’ai constaté dès la fin de mes études que la finance s’inscrit trop souvent dans une idéologie avec une rentabilité à court terme. Mais cette logique est destructrice d’emplois et de valeurs nettement moins tangibles : tout est optimisé, mais toujours au détriment d’autres avec des effets collatéraux pervers.

Pour terminer, je dis souvent que le credo, c’est « Agir local, penser global ». En effet, je crois beaucoup en la réappropriation des moyens : nous avons centralisé beaucoup de choses au cours des 50 dernières années (en économie, en énergie, en agriculture, etc.) et nous avons vu les effets destructeurs, notamment la dépendance de chacun à des produits ou services éparpillés aux quatre coins du monde. Agir localement permet de réduire ces dépendances et recréer du lien social : les gens qui ont de l’argent le mettent à disposition d’autres personnes. Je suis persuadé que ces types d’épargne permettent ainsi d’éviter des dérives sectaires ou extrémistes, grâce à cette création de lien social. Cela répond aussi à la demande actuelle de traçabilité : enfin, nous savons où va l’argent.

Voici, en gros, les raisons qui m’ont amené à épargner auprès d’Energie Partagée, Enercoop, Habitat & Humanisme, Terre de Liens et Railcoop.

 

2. Comment êtes-vous devenu épargnant solidaire ?

Yann : Tout a commencé à la fin de mes études, avec un mémoire de stage sur les fonds d’investissement éthiques, qui m’a permis d’appréhender l’épargne sous un autre angle. Je me suis ensuite concentré quelques temps sur les pratiques RSE : je fléchais des investissements vers des entreprises cotées qui avait initié une démarche RSE. La réalité était qu’il s’agissait souvent de positionnement marketing, voire de greenwashing, plutôt que d’un réel ADN d’entreprise.

Mon premier investissement a été vers Enercoop, en 2006, avec une première contribution en tant que consommateur. Quelques années plus tard, j’ai investi chez Energie Partagée, puis tout le reste est arrivé en même temps, y compris dans de petites entreprises (dont une librairie tiers-lieu, Le temps de vivre, en Haute-Vienne).

Certaines incitations fiscales peuvent ou ont pu attirer des personnes qui ne sont pas encore dans ce domaine. J’en ai profité les premières années, mais ce n’est plus un critère aujourd’hui. En vieillissant, la rentabilité n’est plus non plus un sujet majeur pour moi, mais il en faut : le soutien public devrait exister pour ce type d’épargne très efficace - par exemple en termes de retombées d’emplois locaux, mais la rentabilité permet d’envisager de se passer d’aides publiques, et c’est essentiel. Et donc si un modèle économique n’est pas viable à long terme sans soutien public, il ne faut pas le mener.

 

En épargnant solidaire, on est acteur du changement, et on n’attend pas que ce soit uniquement nos politiques publiques qui fassent le boulot.

3. Que diriez-vous à quelqu’un qui hésite à passer à l’acte aujourd’hui ?

Yann : Je pourrais lui dire que s’il est important pour lui que son argent soit sécurisé, alors l’épargne solidaire est la solution.

Les modèles solidaires sont souvent des modèles résilients. Ce sont aussi des modèles exigeants en capitaux au départ : il faut y mettre de l’argent, et ne pas s’attendre à une rentabilité à court terme. Mais ils peuvent être sereins quant au fait que leur argent aura fructifié à la fin.

L’épargne solidaire est donc pour des investisseurs à la recherche d’une sécurité. Et en plus, ils peuvent être sûrs qu’en mettant de l’argent dans ce type de projet, ils ont leur morale et leur conscience pour eux. Ils peuvent être en accord avec eux-mêmes.

Il faut être acteur : en épargnant solidaire, on est acteur du changement, et on n’attend pas que ce soit uniquement nos politiques publiques qui fassent le boulot.

Découvrez d'autres témoignages d'épargnants solidaires :