3 questions à ... Philippe Zaouati, Directeur général de Mirova

Publiée le 08.12.2021

Mirova est un acteur de référence sur le financement à impact dans le non coté et gère entre autres le fonds "Insertion Emplois Dynamique". Ce fonds solidaire, le plus ancien en France, connaît un intérêt marqué sans précédent de la part des investisseurs particuliers. Il a passé la barre du milliard d’euros d’encours sous gestion en juillet 2021. En 3 questions, Philippe Zaouati, directeur général de Mirova, nous explique les clés de ce succès.

1. Comment analysez-vous la très belle dynamique du fonds Insertion Emplois Dynamique : tendance de fond ou effet de mode ?

Philippe Zaouati : Insertion Emplois Dynamique est un fonds emblématique. Créé par la Caisse des Dépôts dans les années 90, c’est le plus ancien fonds solidaire en France. Il y a quelques années, nous avons décidé de le relancer en lui donnant une cohérence : la partie investie en actions cotées a été repensée en se focalisant sur les entreprises qui créent de l’emploi en France, alors que les 10% du portefeuille investis dans l’économie sociale et solidaire restent gérés en collaboration avec notre partenaire France Active. Cette combinaison a permis d’apporter aux investisseurs du sens et de la performance. En communiquant de façon précise sur les créations d’emplois générés par les entreprises en portefeuilles, avec un détail jusqu’au niveau des territoires, nous offrons de la visibilité et une raison d’être à l’épargne des ménages. C’est incontestablement une tendance de fond.  

 

2. Quels sont pour vous les grands défis à venir pour maintenir le secteur de la finance à impact social dans cette dynamique de croissance ?

Philippe : Depuis une dizaine d’années, l’investissement responsable a été dominé par les questions du climat et de l’environnement. C’est un défi tellement majeur pour nos sociétés que c’est compréhensible. Pourtant, et la durée de vie du fonds "Insertion Emplois Dynamique" en atteste, la finance durable a longtemps été porteuse de sujet sociaux. Aujourd’hui, il est évident que les questions sociales et environnementales s’entremêlent. Beaucoup parlent de transition juste. Ce qui est certain, c’est que nous ne pourrons résoudre les défis de demain qu’en étant attentifs aux enjeux sociaux. Dans ce contexte, la finance à impact social reste un atout majeur, notamment parce qu’elle accompagne un large écosystème d’entrepreneurs sociaux engagés qui ont compris l’importance d’innover au service d’un progrès du bien-être.  

 

3. La France se distingue dans l'écosystème européen par une capacité à mobiliser l'épargne citoyenne. Quels enjeux pour développer la finance à impact social au niveau européen et permettre à davantage de citoyens européens d'épargner solidaire ? Que pensez-vous de la taxonomie ?

Philippe : Les fonds solidaires et notamment les obligations d’offre dont ils bénéficient dans l’épargne salariale et depuis la loi Pacte également dans l’assurance-vie, ont permis de mobiliser l’épargne. C’est la preuve que lorsque l’on propose aux épargnants des solutions pertinentes, avec du sens, ces offres rencontrent le succès. L’évolution de la réglementation européenne, notamment la directive MIF qui va désormais imposer aux conseillers financiers d’interroger les épargnants sur leurs préférences sociales et environnementales, va dans le bon sens. Cela fait partie d’un plan d’actions cohérent sur la finance durable de la part de la Commission Européenne. La taxonomie des actifs verts est au cœur de ce plan. Elle donne un cadre, une grammaire commune aux investisseurs. Cela demande à être poursuivi et enrichi, sur d’autres aspects que le climat et sans doute complété demain par une taxonomie « brune » pour inviter les banques et les investisseurs à sortir progressivement du financement des énergies fossiles.   

 

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