3 questions à... Olivier de Guerre, Président Directeur Général de Phitrust Partenaires

Publiée le 09.03.2022

Du 1er janvier au 30 juin 2022, la France exerce la présidence du Conseil de l’Union européenne. A ce titre, elle a défini les priorités et les lignes directrices menées pendant le semestre. Expert de ces questions européennes, Olivier de Guerre, Président Directeur Général de Phitrust Partenaires, nous détaille l'ambition donnée à la finance à impact dans ce programme et au sein de l'Union Européenne.

Créé en 2003, Phitrust propose des produits d’investissement en actions européennes cotées visant une performance régulière, tout en se focalisant sur des stratégies qui proposent d’améliorer la gouvernance stratégique des sociétés et de leurs pratiques ESG. Olivier de Guerre fait le point sur la vision européenne de la finance à impact social, les initiatives prises et les enseignements à tirer de nos voisins européens.  

 

1. Existe-t-il une volonté européenne d'encourager la finance à impact social, entre autres dans le cadre de la Présidence Française de l'Union Européenne ?

Olivier de Guerre : A priori oui si l'on ne retient que les engagements pris officiellement, mais la question peut raisonnablement se poser au vu de l'enveloppe "Invest Eu" toujours pas signée en Mars 2022 alors qu'elle aurait dû l'être début 2021… L’UE s’est engagée fortement depuis 2011, mais ces engagements se heurtent à la réalité des investissements à impact social qui ont besoin de temps pour développer leur « business model social et économique » (capital patient) et ne peuvent délivrer des rendements financiers équivalents à ceux de l’investissement dit « à impact » car le temps est l’ennemi du taux de rendement interne (TRI). Or, les mécanismes proposés sont le plus souvent dérivés de ceux mis à disposition des acteurs de l’économie classique, qui recherchent avant tout un TRI élevé !  

 

2. Quelles sont les grandes initiatives européennes pour favoriser le financement de ses transitions justes ? Quels sont les plus grands blocages actuels ? Quels horizons pour le développement de la finance à impact social en Europe dans les années à venir ?

Olivier : Probablement la taxonomie environnementale et sociale qui va contraindre l’ensemble des acteurs financiers à « répondre » de leurs décisions d’investissement. Une initiative qu’il faut saluer mais qui pourra aussi n’être que du green/social washing, les acteurs étant appelés à « remplir » des matrices, ce qui en amènera certains à pratiquer le box sticking tout en affichant une certaine « vertu » ! Le plus grand blocage actuel reste toujours la recherche systématique de rendement financier dans les approches retenues considérant que ces investissements à impact social doivent être aussi rentables que les autres. Les financements dits « à impact social » doivent tenir compte de la réalité de ces entreprises, qui privilégient la réponse à un enjeu social, et ont donc des coûts supérieurs à une entreprise « classique » qu’elles ne peuvent répercuter sur le marché. Les besoins sociaux en Europe sont très importants, les Etats impuissants à y répondre et le secteur privé doit s’en emparer. Mais cette finance sociale ne pourra se développer qu’avec l’aide massive de l’UE car la plupart des investisseurs institutionnels et privés n’ont pas encore adhéré à l’idée d’un rendement financier moindre compte tenu de l’impact social réalisé.  

 

3. Quelles inspirations pouvons-nous tirer de nos voisins européens, et quelle expertise française pouvons-nous valoriser ?

Olivier : La France a la chance d’avoir été un précurseur en finance sociale et pourrait mettre à disposition des autres pays européens (notamment les pays de l’Est) son expertise, ses réseaux… pour faire émerger une finance sociale européenne ouverte et dédiée au financement de toute entreprise cherchant à répondre aux enjeux sociaux actuels.     

 

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